Le Dr. Catherine Gueguen est pédiatre, formée en haptonomie et en communication non violente.
Formatrice de professionnels de l’enfance, Catherine Gueguen anime des groupes de travail pour les médecins, psychologues, éducateurs, sages-femmes sur l’aide et le soutien à apporter aux parents.
« Il doit apprendre à gérer la frustration, laisse le donc pleurer tout seul ça lui passera , si tu lui prêtes attention, il viendra toujours vers toi au moindre problème »
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« Quand il pique une colère, ignore le ! ce sont des caprices, il te MANIPULE »
« Laisse le pleurer ou il ne fera jamais ses nuits »
« Tu l’écoutes trop, il s’est blessé d’accord, il est triste, d’accord mais bon dans la vie tout n’est pas toujours facile ! Il doit s’endurcir. »
« Il doit apprendre à perdre » , « Il fait des bêtises pour attirer l’attention mais il doit apprendre à laisser la place aux autres
 Cette lecture m’a permis de mettre en mots ces phrases entendues et comportements observés : la violence éducative ordinaire.
Elle fait partie de notre culture mais n’existe pas partout, elle colore notre système éducatif dans nos familles, dans nos écoles et institutions des plus petits aux ainés.
Elle combine violence physique ou morale ( peur, chantage,…) dans le but de canaliser l’autre. Elle est dite éducative car « bonne » pour l’enfant, ordinaire car communément admise.Et pourtant, cette violence éducative nous permet de comprendre les tristes faits actuels de notre société….
La théorie, qui sous-tend ce livre, permet de comprendre les enfants autrement.
Ce livre prône la bienveillance éducative, qui n’est pas du laxisme, pour accompagner les enfants futurs citoyens de demain. Les écrits de l’auteure permettent un déconditionnement de ces croyances traditionnelles éducatives sous tendues par l’idée que les enfants ont des pulsions à contenir et qui rendent confortable l’arsenal éducatif des punitions, chantages, récompenses, humiliations, ou encore le « time out » ( isolement) afin que l’enfant REFLECHISSE à ses bêtises.
Les récentes recherches en neurosciences affectives et sociales prouvent, aujourd’hui, que l’enfant en raison de l’immaturité de son cerveau ne peut prendre du recul par rapport à ses émotions et ses comportements…TOUT SEUL !
Mais pourtant, le time out «ça fonctionne ». L’enfant revient tout penaud, tout sage ou inerte, selon le point de vue, mais pas parce qu’il a compris mais parce que nous lui retirons un besoin fondamental celui d’être aimé de son parent, attaché et en contact avec lui.C’est un besoin vital comme celui de manger.
Ce besoin d’attachement, Spitz (1887-1974), Bowlby ( 1907-1990) l’ont même rattaché à un besoin physiologique comme celui de manger.D’ailleurs, vous obtenez la même chose, si vous lui retirez l’opportunité de manger afin de réfléchir … Il va revenir tout « gentil » de faim ! Il a juste compris à se soumettre : est-ce une valeur éducative à développer ? Le libre arbitre, l’esprit critique sont des valeurs à développer chez nos enfants et ce, dès le début.
Sommes -nous dans l’apprentissage de ce libre arbitre, lorsque nous lui disons :             « tais-toi et fais ce que je te dis, je suis le grand et toi le petit ? »
« J’ai reçu des claques, je n’en suis pas mort » ,  voir même dans une autre version encore plus perverse « une bonne claque, ça remet les idées claires ! »
En gros, pour nos enfants, faire leur mal pour leur bien …c’est NORMAL.
Ils deviendront de futurs citoyens. Je comprends mieux certains propos tenus lors des élections : pour le bien de l’humanité, on considère légitime aussi le time out sous la forme du renvoi de certaines populations ou l’application de violences diverses pour qu’ils comprennent et se soumettent… par peur ou respect de l’autorité.
Et là , je repense à cette célèbre expérience de Stanley Milgram dans les années 60. Comment interpréter ces résultats ?
Sommes-nous prédisposés à nous soumettre à des ordres inhumains sous l’emprise d’une autorité que nous reconnaissons ?
Sommes-nous naturellement sadiques comme a tenté de le proposer Freud ?
Ou la vertu éducative de l’obéissance pourrait en expliquer une partie ?
Prendre du recul vis-à -vis d’une autorité reconnue, faire preuve de libre arbitre, réfléchir avant de dire oui ou non, il pourrait s’agir de la vertu éducative prioritaire.
Pourrions-nous accepter que les enfants remettent en question nos demandes sans le prendre comme de l’opposition, de l’insolence mais comme l’expression naturelle de leur libre arbitre et besoin naturel de comprendre ? Pourrions-nous adultes, prendre le temps de réfléchir et prendre du recul vis-à -vis de leurs argumentations et prendre ensuite la décision de continuer à dire oui ou non, plutôt que de rester ancrer dans un « non » par principe de cohérence ?
Ce livre apporte un autre regard sur le développement et le fonctionnement du cerveau des enfants. Il relate les récentes recherches sur l’impact de l’éducation sur l’évolution de l’enfant et les effets à l’âge adulte.
Vous me direz :
« La bienveillance c’est bien beau mais comment faire quand un enfant ou un adolescent s’oppose ? »
« Comment gérer cet enfant qui ne veut pas dormir ? »
« Comment comprendre et réagir lorsqu’il m’insulte ? ou frappe ses pairs ? et semble insensible aux punitions ? »
L’ouvrage propose une série de conseils éducatifs pour les parents et professionnels ainsi que des pistes pour développer ses compétences en bienveillance, comprendre et gérer autrement les situations de conflits, poser des limites respectueuses.
En effet, entre l’autoritarisme et le laxisme, il y a un entre deux et des alternatives.
Faisons le pari qu’accompagner les enfants dans la bienveillance et l’empathie, changera le monde de demain.